Aujourd’hui c’est dimanche, alors on va le vivre à la tahitienne!
Réveil très tôt (heureusement que le décalage horaire nous y aide), pour nous rendre au marché de Papeete, dont la réputation culinaire du dimanche matin fait se lever la population, il ouvre dès 4h et ferme ensuite dans la matinée. On arrive alors que le jour n’est pas encore levé, et ici, c’est l’effervescence!
Tous les petits producteurs de l’île sont là pour ce rendez-vous hebdomadaire très important pour les îliens, le dimanche est vraiment le jour des locaux, contrairement aux autres jours de la semaine, plus tournés vers l’artisanat pour le tourisme. C’est très familial, les tables sont couvertes de bananes, mangues à profusion (c’est la saison!), tomates, concombres, salades, taro, manioc, citrons (des Marquises!), les mamies vendent leurs plats faits maison qui sont tous plus alléchants les uns que les autres. On redécouvre le poé, ce plat sucré à base de fruits qui ont été gélifiés et confis dans le lait de coco, les salades de poissons crus au lait de coco, le thon rouge, qui, pour les amateurs que sont mes garçons, est à tomber, cru, en sashimi, et les pâtisseries locales : firi firi au lait de coco (des sortes de beignets), des petits pains au chocolat/coco/banane, dur de résister ! Les prix sont assez élevés pour les fruits et légumes, à la tahitienne également, mais paradoxalement, le poisson cru en général et le thon en particulier est à prix très bas, pour le grand bonheur de mes hommes! Un stand nous attire particulièrement, avec une queue interminable jusque dans la rue : c’est un petit monsieur qui coupe en fines lamelles une viande de porc confite caramélisée qui semble avoir une réputation folle dans toutes les îles!!! Pierre s’attelle à la queue pendant qu’on poursuit notre déambulation du matin, et on ne sera pas déçus : c’était juste dément et parfait pour le pique-nique du midi ! On s’achète aussi de la citronnade et on file déguster notre petit déjeuner sur les bancs de la place Vai'ete.
On reprend la voiture et on part visiter dès l’ouverture le Musée de Tahiti et des îles, qui a été récemment refait et qui est très joli; les bâtiments donnent sur la mer, on voit Moorea juste en face, c’est un décor très apaisant, et l’exposition permanente est dotée de très beaux objets de Polynésie. Un film particulièrement intéressant explique les sens de migrations et d’occupations des îles du Pacifique, dont les premiers habitants sont venus d’Indonésie. On comprend ainsi que c’est d’abord l’Australie du Nord, puis la Nouvelle Calédonie qui ont été peuplées, suivies de la Nouvelle Zélande, et tardivement la Polynésie puis Hawaï. L’artisanat marquisien est remarquablement représenté, les Marquisiens ayant eu l’idée, aidés de certains prêtres bien intentionnés - ce qui ne fut pas le cas dans les autres îles de la Polynésie- de garder cachés leurs biens sans les laisser aller au bûcher des péchés lors des vagues de christianisation.
Il est 10h, l’heure d’aller assister aux chants des cultes protestants de Papeete! Le dimanche matin, le temple de Paofai accueille une centaine de participants : les femmes sont en robe blanche, très apprêtées, chapeaux de paille blancs et dorés, panier tressé au bras, les hommes ont mis leur beau costume, et toute l’assemblée chante en canon des « himene » à gorge déployée! Ce sont des chants religieux polynésiens, c’est magnifique, on trouve une petite place à l’étage. C’est magnifique, oui, … mais très long!!! On n’ose plus sortir, et voilà que le pasteur, emporté dans une verve digne des plus grands acteurs de cinéma, part pour un prêche de plus de 35 minutes… en tahitien totalement incompréhensible pour nous !! Les femmes s’éventent de leur éventail tressé en feuilles de palme, ne semblant nullement s’ennuyer, les hommes commencent un peu à papoter… Au bout de plus de 1h30 de cérémonie, on craque et on quitte le temple discrètement ! C’est qu’on a à nouveau faim, notre super pique-nique nous attend. Direction la plage de Vaiava, le rendez-vous des familles tahitiennes le week-end, sur la côte ouest. C’est une des seules plages de sable clair de l’île, et un petit sentier sous-marin en PMT nous offre de très belles patates de corail: dès que les nuages laissent passer le soleil, c’est un enchantement !
On reprend la route de la côte Ouest pour gagner doucement notre chez-nous sur la presqu’île, en s’arrêtant sur deux « marae », des vestiges de temples polynésiens en pierres volcaniques, d’où se dégagent un « mana » (une énergie) très particulier, surtout pour le marae Arahurahu, particulièrement photogénique, et qui sert de lieu de spectacles de danses lors du Heiva, festival annuel polynésien qui se tient en juillet.
On finit la journée sur une plage de sable noir, léchée par de jolis rouleaux, mais de petits moucherons des sables virevoltent autour de nos pieds, on craint que ce ne soit des nonos, les petites mouches « à feu » de Polynésie, et on finit par fuir !! Le soleil se couche, les lumières s’enflamment à l’horizon, c’était un dimanche bien rempli à Tahiti !
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