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Traverser les flots jusque Maupiti : hommage à l'abnégation des molosses du Maupiti Express







Ça y est, nous voilà prêts à embarquer sur le Maupiti Express.

Il est 7h, on attend sur le quai et on découvre ce petit rafiot : on n’est pas du tout sur les dimensions des bateaux précédemment croisés dans les îles!!! On dirait le bateau de Popeye!

Je me demande comment est la mer… Un gars me répond : » ça va, ça surfe tout droit sur les vagues, et ça balance juste un peu de gauche à droite »… Ok, on va prendre un Mercalm pour assurer le coup! J’en donne la moitié à Zoé, en souvenirs de moments délicieux sur les taxi-boats des Galapagos, bien que la suite de l’histoire n’a plus jamais montré de mal de mer pour elle.


On trouve une petite place au fond, le confort est très sommaire, les portes restent ouvertes.


La traversée commence.


Et là, je veux rendre hommage à ces molosses polynésiens qui bossent sur ce bateau.


Au bout d’une heure environ, ils ont entamé un ballet. 

Un ballet moins gracieux que celui des raies aigles, mais tout en discrétion, presque sur la pointe des tongs (les savates comme ils disent). 


Ces géants ont passé le voyage (2h30 tout de même) à faire de gentils allers-retours avec des seaux tout mignons dans leurs grosses paluches (en plastique, vert ou bleu, au choix), qu’ils allaient jeter par dessus bord, puis qu’ils allaient rincer aux toilettes. La largeur de la dite porte des toilettes - à laquelle nous faisions face ce qui m’a permis d’être au premier rang du spectacle - ne permettait pas aux gars, qui font deux mètres de haut et autant de large, de rentrer de face, ils devaient donc, à chaque fois, s’y immiscer de biais.


La houle n’était pas excessive (je fais ma maligne après avoir été amarinée six jours!), il faisait grand soleil, mais les vagues de l’océan restent les vagues de l’océan, au grand dam des quelques heureux élus parmi les passagers pour vivre un trajet remuant.


Et ces gars, en short élimé, au t-shirt bien usé, casquette ou bonnet sur la tête, ont fait inlassablement, et avec le sourire, dans une grande pudeur doublée d’une tendre délicatesse malgré leur stature, les allers-retours entre les passagers malades et la mer, offrant un festin de choix aux poissons (… qui doivent suivre chaque mardi le bateau avec avidité !!)


Je pensais à ma maman - qui a grande réputation dans la famille pour son satané mal de mer - et je me disais que si elle était avec nous (ce qui ne sera plus jamais le cas car elle a décrété qu’à 65 ans passés, elle ne monterait plus jamais sur un bateau : « trop vieille pour accepter de souffrir de ça!! ») -, et je me disais que, dans sa douleur, elle aurait apprécié la générosité du service de ces gars là, impassibles, presque prêts à te faire une petite caresse sur la joue pour t’aider à passer les mauvais moments.


Deux jeunes garçons ont été particulièrement malades deux rangs derrière nous, la tête plongée dans les sauts, tantôt bleus, tantôt verts selon la tournée du moment, le visage pâle et le regard vide : mon coeur de pédiatre les aurait bien perfusés au Zophren, mais voilà, ici je n’avais rien, ou si peu, et je pense que mon Mercalm à ce stade aurait été désespéré.


Alors, comme tout le monde, je me suis mise en mode somnolence, dans le boucan du moteur du rafiot, et j’ai attendu, suffisamment bien « gastriquement » parlant pour m’amuser et m’attendrir de la fidèle assistance de ces géants, toute en retenue.

Personne de malade à déplorer chez les Tison, on est des warriors!!!


Bientôt la passe de Maupiti, la fameuse passe Onoiau, si difficile à franchir pour les bateaux, est arrivée, avec ses magnifiques rouleaux: réputée très dangereuse du fait de forts courants marins et d’un passage très étroit, elle est la seule à permettre d’accéder à Maupiti, contraignant parfois certains bateaux à renoncer à entrer (notre hôte nous apprendra le lendemain qu’un bateau de pêcheurs y a chaviré l’an dernier, causant la perte de tous ses passagers).

Ce matin, le Maupiti Express a littéralement surfé sur les vagues pour entrer dans le lagon, un beau spectacle !


Puis la montagne de Maupiti a surgi derrière les flots, et le turquoise a envahi l'espace : nous étions arrivés.

Maupiti, nous voilà !


(note de l'auteur : nous apprenions le lendemain lors d'une discussion à la pension qui nous héberge que le Maupiti Express est surnommé par les locaux " le Vomito Express !!! ;))




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