Et bien nous voilà au Pérou, dans la Vallée Sacrée, après un long voyage depuis les Galapagos, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on a le souffle coupé, au sens propre comme au figuré! 3000 mètres d'altitude en moyenne pour nos premières heures dans le pays, et nous sommes déjà bien anesthésiés! Tout a commencé par un premier stop d'un soir à Lima, la capitale, plein ouest : j'avais réservé un petit hôtel tout proche de l'aéroport, pour une nuit rapide avant de reprendre le vol du lendemain pour Cusco. Le quartier a des allures inquiétantes, le chauffeur de taxi n'est pas rassuré de nous y laisser! La petite bonne femme qui nous attend a des allures de chaman, mais finalement elle parle même un peu l'anglais : c'est spécial comme cadre, mais la chambre est propre, les lits confortables, et on a même de l'eau chaude dans la salle de bain commune à tout le pallier, où l'on est finalement tout seuls. Elle nous oriente vers un resto "boui-boui" dans la rue pour un repas tardif, il est 22h30 quand même! C'est kitchissime avec ses murs bleu vifs, ses guirlandes de fleurs artificielles, son Père Noël, et un bon soap-opéra à la TV, mais les plats de "chaufa" (un plat de riz, poulet et oeufs parfumés aux herbes) est énormissime et délicieux. On goûte aussi la boisson star du pays, "l'Inka Cola", une sorte de limonade jaune gout dentifrice! Il semblerait que tout le monde boit ça ici! Le lendemain nous regagnons l'aéroport pour notre vol pour Cusco, à l'Est du pays, pour commencer nos premières vraies journées péruviennes dans la Vallée Sacrée. Félix remarque que les gens sont petits ici, et ça lui va plutôt bien! L'atterrisage en plein centre de la ville, cernée des hauts sommets, sous un ciel sans nuage, est hyper impressionnant. Nous sommes ici à 3400 mètres, on avance à petits pas mesurés dans l'aéroport pour ne pas risquer le souffle court. J'ai trouvé, à force d'échanges sur la toile, un chauffeur francophone, Dulio, pour nous accompagner sur certains segments du voyage. Mais un contretemps familial l'empêche d'être à nos côtés pour les 24 premières heures du parcours, et il nous a envoyé son ami Noé, qui lui aussi parle le français, et franchement super bien. Je reste toujours impressionnée de ces hommes et de ces femmes, qui, en vivant à des milliers de kilomètres de chez nous, dans une culture tellement différente, parviennent à si bien maîtriser nos subtilités de langage et nos jeux de mots. Le véhicule est carrément un minibus! Après avoir rassasié les estomacs, nous voilà en route pour Ollantaytambo, dans la Vallée Sacrée, à 1h30 de route : en effet, ce village inca n'est "qu"à 2800 mètres", c'est la raison pour laquelle j'ai décidé d'y passer nos deux premières nuits. La route est magnifique mais on est épuisés, on essaie de garder l'oeil ouvert entre deux temps de microsiestes, les enfants sont profondément endormis malgré un super "C'est pas Sorcier" sur la civilisation inca qui nous est projeté sur écran! Incroyable que cette super émission française soit arrivée jusqu'ici! Ollantaytambo est la seule agglomération péruvienne qui ait conservé son plan inca, avec ses rues rectilignes et ses rigoles d'eau qui s'écoulent dans un doux bruit chantant. Elle abrite une célèbre forteresse inca qui surveillait le chemin pour le Machu Pichu, et l'environnement, cerné de montagnes, avec des sommets à 5000 mètres, y est superbe. Quelle claque on prend en arrivant ici! Entre les vues, les sommets, les ruines, la lumière, les jeux d'ombre au soleil couchant, le vent qui se lève, les couleurs de l'artisanat, on est d'emblée projetés dans un album de Tintin! On profite de la douce fin d'après-midi pour prendre nos repères dans le village et s'imprégner de cette ambiance andine. Les femmes et les enfants portent souvent des tenues colorées, chapeau sur la tête, jupes épaisses évasées, c'est chatoyant, j'adore ces tons très vifs! On a même droit à une manifestation politique pour les élections régionales, et on y voit toutes les tenues défiler, qui nous confirment qu'il n'y a aucune forme de folklorisme ici! Dès que le soleil se couche derrière les montagnes, les températures chutent, on n'a plus qu'une envie, aller se glisser sous les très épaisses couvertures de laine de l'hôtel! Le lendemain matin, on est aux premières loges pour profiter assez exclusivement des ruines de la forteresse avant l'invasion des touristes l'après-midi. La grimpette est fastidieuse, on les sent quand même les 3000 mètres, puis on s'habitue. C'est grandiose! Les enfants sont impressionnés, Zoé est inspirée, et dans un anachronisme total, me fait des pauses "égyptiennes" sans arrêt pour les photos (émoji "bonne poilade"). On découvre nos premières pierres inca (petit rappel, la civilisation inca est assez récente en fait, XVe et XVIe siècles) et on baigne littéralement dans "les mystérieuses cités d'or"! Une fois la visite terminée, dont la promenade est très agréable, on retrouve Noé qui nous emmène en voiture visiter deux autres sites majeurs de la Vallée Sacrée : les terrasses agricoles inca de Moray, et les salines de Maras. Et là, la route nous assomme : elle est magnifique, on monte, monte, monte vers un haut plateau aux couleurs arides, on sent qu'on atteint les 3400 mètres de nouveau, et une léthargie intense et désagréable nous envahit... On a du mal à lutter contre le sommeil, on se sent mou, les panorama sont extraordinaires et pourtant nous ne parvenons pas à sortir de notre torpeur pour les apprécier réellement. Seule Zoé semble ne rien ressentir, toujours aussi pleine d'énergie. Les terrasses de Moray ont été exhumées en 1930 et correspondent à des centres d'expérimentation agronomes inca! Ingénieux systèmes de terrasses en cratères permettant d'obtenir des températures différentes entre le bas et le haut pour cultiver divers espèces de légumes, elles sont aussi très esthétiques. Le soleil commence à chauffer dur, les couleurs à s'écraser, on est anéantis de fatigue mais on tient le coup! On continue la route pour les salines de Maras, des cultures de sel en terrasses superbes, 4000 bassins de sel cristallisé à partir d'un rio 2 fois plus salé que la mer, dans des dégradés de blancs aveuglants sous la lumière du zénith, ce sont des images célèbres du Pérou! On est toujours assez groguis, mais une petite plaque de chocolat au sel et au quinoa nous fait le plus grand bien! Tout est produit sur place au Pérou, le cacao comme le sel, du coup c'est pas cher du tout, et c'est exquis! Petite pensée pour notre Sabine (pas la marraine de son Félix - notre amateur de chocolat noir- pour rien) qui est toujours avec nous dans la tête pour ces dégustations chocolatées! Retour au village, on respire à nouveau et on retrouve un regain de forme avec quelques centaines de mètres en moins dans l'altitude, petit repas en terrasse délicieux sous le soleil de fin d'après-midi, et pour ma part j'irai tester la "clinique" du coin à cause d'un problème d'oreille bouchée depuis une semaine, conséquences des snorkeling, résistant à mes différents essais de traitements, et qui devenait de plus en plus insupportable avec l'altitude nouvelle, me donnant l'impression d'avoir la tête enfermée dans un scaphandre, et participant grandement à mon état d'épuisement. J'ai pu y trouver un gentil docteur qui m'a soulagée par des lavages répétés, et ce soir je revis! A nous le Machu Pichu!
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