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On a touché le guerrier Poumaka !








Laissez moi vous raconter la légende des pics de Ua Pou, considérés comme d’anciens guerriers géants.


"Elle raconte l’histoire de Matafenua, un pic de l’île de Hiva Oa dans l’archipel des Marquises, qui se rendit sur l’île de Ua Pou pour combattre les autres pics qui venaient d’île en île pour se faire la guerre.

Matafenua, malgré sa hauteur, était pied-bot, n’ayant qu’une seule bonne jambe. Il réussit pourtant à vaincre Tikapō, un autre pic sur Ua Pou, en le tuant et en jetant sa tête dans la mer. Il fit de même avec Motu Heruru, un autre pic de l’île, en lui coupant la tête et en la jetant dans la mer.

Poumaka, un jeune pic, était encore enfant lors de la venue de Matafenua

Poumaka grandit et décida de se venger en allant combattre Matafenua sur Hiva  Oa. Tikapō, un autre pic de Ua Pou, l’aida en lui donnant des conseils pour vaincre Matafenua. Il lui dit de ne pas attraper sa jambe paralysée, mais plutôt sa bonne jambe pour le faire tomber.

Poumaka se rendit sur l’île de Hiva Oa. Il trouva Matafenua, s’en suiva un terrible affrontement. Poumaka vainquit en le faisant tomber en saisissant sa bonne jambe. Depuis sa défaite, Matafenua, couché, est devenu un cap qui s’avance dans la mer.

On dit que Pumaka est revenu avec la tête de Matafenua qu'il a attaché à sa ceinture : il jeta la tête dans la mer (le rocher émergent dans la baie de Aneou, et vint prendre place au centre de l'île : il garde encore aujourd'hui les coulées de sang le long de sa cuisse. (des coulures géologiques)"


Cette légende témoigne de la culture orale et des traditions des Marquisiens, qui attribuaient des caractéristiques humaines aux éléments de la nature tels que les pics et les rochers, et qui avaient pour habitude de se raconter des légendes pour transmettre leur histoire et leur culture.


En ce troisième jour sur Ua Pou, nous allons donc randonner à la rencontre de ces fiers guerriers qui veillent sur l'île.

La présence d'un guide de randonnée est indispensable car les terres sont privées quasiment partout, et avoir un guide avec nous est une garantie de réassurance pour les Marquisiens qui sont toujours inquiets de voir des étrangers fouler leur terre (veulent-il me voler mes cocos ? mes légumes ? la notion de randonnées pour le plaisir n'existe pas : ici si on marche, c'est pour aller récolter quelque chose).


Jérôme en profite pour nous donner des notions de botanique locale (le Purau, cet arbre à tout faire, dont la jolie fleur jaune au pistil bordeaux tombe tous les jours vers 15h30!).

Il se trouve qu'avoir un guide est aussi précieux car c'est une randonnée un peu technique dans une végétation très dense, avec des pentes très raides (et de la boue qui glisse!!), et des crêtes dans les fougères, on sera régulièrement à quatre pattes pour franchir des passages les mains accrochées dans la végétation.


On approche progressivement Poumaka, après deux heures de marche. On va jusqu'au pied de ce pic phonolitique, quelle fierté d'approcher de si près les guerriers de Ua Pou! Il nous faudra presque trois heures de plus pour regagner la vallée, la descente est vertigineuse, avec quelques passages de cordes. On passe dans le jardin (au milieu de la jungle!) de Manfred, une célébrité locale qui fabrique son propre chocolat : quel plaisir après tous ces efforts! On embarque trois tablettes pour la suite du voyage!


Puis on continue notre marche sous la canopée, et on atteint la cascade de Vai'ea, où les enfants du coin sont venus jouer.

Le pique-nique est bienvenu, on s'amuse de les voir sauter tour à tour. Je suis intriguée par des adolescents qui se tressent des couronnes de fougères, alors j'emmène Rachel avec moi pour aller leur parler. Il me semble que les Marquisiens d'ici sont un peu comme les Kanak de Calédonie: ils ont un abord fermé, mais dès qu'on fait le premier pas et qu'on entame la conversation, ils sont charmants. Nous voilà à tresser les fougères avec eux!


Encore une petite vingtaine de minutes et nous voilà au village de Hakahetau, notre point de départ.

Une dizaine de kilomètres pour cinq heures de marche dans les pattes, pas mal d'émotions sur les parties techniques: les guerriers de Ua Pou se méritent!


On pourra dire qu'on a touché Poumaka !




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