Nous voilà en Namibie. Cette immense Namibie, fantasmée depuis notre voyage en Afrique du Sud en 2015, où l’on s’était promis de continuer à explorer cette fantastique corne africaine.
Le voyage nous a mis à rude épreuve, avec une petite gastro-entérite qui s’est invitée chez Zozo alors qu’elle n’est habituellement jamais malade… Les premiers vomissements ont commencé… sur la belle moquette à fleurs un brin désuet d’Ethiopian Airlines, alors qu’on quittait l’avion pour notre escale de trois heures à Adis Abeba! Puis ils ont recommencé au décollage du deuxième vol, et sur le tarmac de Windhoek, à chaque fois des timings absolument parfaits (ironie bien sûr).
Par chance, les malheurs intestinaux, eux, lui ont octroyé la possibilité d’avoir accès aux toilettes.. (toujours chercher le bon côté des choses dans les pires galères…).
C’est ainsi que nous nous sommes fait doubler par l’intégralité de l’avion lors de la queue pour la douane, et au bout de quarante-cinq minutes d’attente interminable avec notre Zoé au bout de sa vie, allongée à même le carrelage de l’aéroport, j’ai réussi à obtenir un passage « prioritaire » qui a abrégé nos souffrances.
Un monsieur de l’agence à qui nous avons loué notre 4X4 nous attend, il nous faut tenter de retirer du liquide, là aussi les ATM ne nous facilitent pas la tâche, et alors que nous avons atterri vers 13h30, nous quittons l’aéroport à plus de 15h…
Je commence à stresser, car, ambitieuse que je suis, j’ai réservé un site campement dans le désert du Kalahari à trois heures au sud de Windhoek. Le soleil se couchant vers 19h, quelques doutes m’envahissent…
Le briefing à l’agence de location (Safari Car Rentals) est extrêmement bien fait, le plus complet et le plus pédagogique qu’on ait jamais eu en tant d’années de locations de camping-car et 4X4 équipés. L’employé nous fait répéter chaque procédure et fait largement participer les garçons, une très bonne chose pour que chacun se sente concerné!
Mais le temps passe, et il est 17h quand nous quittons l’agence, qui refuse que nous rejoignions notre réservation, jugeant qu’il serait trop dangereux de rouler tant de temps la nuit avec le risque de percuter des animaux… Je suis dépitée, car le campement s’annonçait magnifique, et il était payé sans possibilité de remboursement bien sûr, mais je dois me faire une raison.
On nous indique un autre campement, à une heure au sud de Wndhoek, le Anob Lake Resort, qui semble plus envisageable. On décide de faire notre plein de courses (merci le Spar très bien achalandé!), et vers 18h30, on s’élance enfin sur la route… vite interrompus par un accident de voiture qui créé un bon bouchon et nous impose une quinzaine de minutes de déviation, qu’il nous faut trouver seuls car aucune indication n’est là pour nous aider.
Soulagés de retrouver la bonne route, on profite enfin des splendides lumières du couchant sur l’asphalte cerné de roches ocres: ça y est, c’est la Namibie, « on the road again »!
La nuit tombe, il nous reste encore quarante-cinq minutes à tenir. Un peu stressés, à l’affût des moindres signes de vie sur les bas côtés, on est soulagés de prendre la « Gravel road » qui mène au campement, en pleine nature.
Le gardien qui nous accueille avec son large sourire éclatant nous réconforte, il y a de la place et même un restaurant encore ouvert!
Il nous indique un site de campement: on est quasi seuls et le bloc sanitaire nous est exclusivement réservé, le tout pour l’équivalent de 27 euros, une sacrée bonne affaire ! Et en plus, il nous explique qu’ici il n’y a ni lion, ni éléphant, ni hippopotame à proximité, de quoi être en sécurité !
Vite, on gagne le restaurant, c’est assez irréel : quelques tables sont dressées dans la nuit noire, éclairées à la bougie, sur une terrasse qui domine un lac où l’on devine deux grands pélicans. Une petite brise toute douce s’est levée, qu’on est bien d’être enfin posés ! L’attente est très longue (une heure et demie !!) mais on est contents de ne pas se faire la cuisine ce soir, et la soirée se termine au rythme du montage du campement, à la frontale. Un invité inopiné est arrivé sur notre campement, majestueux grand kourou avec ses cornes dressées et son masque sous les yeux, deux billes phosphorescentes qui nous scrutent avec curiosité, quelle magie!
C’est fastidieux, c’est poussiéreux, on manque de repères et d’organisation, mais la douche est délicieusement chaude, les températures se sont franchement rafraichies et on se glisse avec bonheur sous la couette de nos tentes de toit, sous le hululement d’oiseaux qui crient « maman » et qui me font sursauter par deux reprises…
Basile m’a confié qu’il était tellement heureux de fouler à nouveau le sol africain, allant même jusqu’à dire que c’était sans doute son continent favori, lui qui ne jurait que par l’Australie. Je suis tellement aux anges quand mes enfants me montrent que le voyage les transporte, eux aussi…
Le lendemain, nos réveils sonnent à 5h30 : huit heures de route nous attendent pour gagner Lüderitz, on va manger du bitume!
On met une heure à replier le campement, sans petit-déjeuner, sous les lumières magnifiques du lever de soleil, et sous le regard bienveillant du koudou toujours présent. On découvre le superbe environnement qui nous entoure.
Une autruche ici, des babouins traversent la route devant nous, et nous voilà lancés.
Les paysages de désert brut, sec, de solitude et de désolation filent sous nos yeux. On a mis la play list, pause petit-déjeuner après Mariental où l’achat d’une carte SIM s’est révélée nécessaire, puis pause pique-nique sur ces aires si isolées. Quelques oryx nous scrutent, méfiants.
On est heureux de parvenir à gagner Lüderitz (UberEat comm disent les garçons) vers 16 heures, alors que le ciel s’est brusquement couvert, ajoutant un air dramatique aux étendues sableuses qui nous entourent…
Voilà la côte Atlantique!
Ce gros village du bout du monde est étonnant : construit au temps de la colonisation allemande, puis passé sous domination sud-africaine après la première guerre mondiale, on y sent un insolite mélange d’architecture européenne et d’influences colorées du Cap, dont les maisonnettes un peu en vrac dégringolent jusqu’à l’océan. La fraîcheur tombe sur nos épaules alors qu’on s’installe dans un café, pour acheter nos permis de visite pour demain pour le détonnant site de Kolmanskop, et par la même occasion déguster un chocolat chaud ou un américano et se rassasier d’un Apfelstrude, ce gâteau à la pomme bien allemand!
Les Namibiens croisés sur les trottoirs ont le sourire généreux, chacun se précipite pour nous surveiller la voiture quand on se gare, dans l’attente d’une précieuse petite pièce en retour. Ona achète des tomates à des vendeuses de rue, il y a aussi des chenilles séchées dans des sacs plastique mais on passe notre tour! Ce soir, et pour la seule nuit du séjour, on dort en dur, dans un studio juste parfaitement confortable pour 30 euros la nuit: j’ai voulu être stratégique pour notre visite de Kolmanskop au lever du soleil à quelques kilomètres.
La soirée se termine dans un resto de poisson et fruits de mer où l’on se régale, même si on est un peu mal à l’aise avec le fait d’être des Blancs exclusivement servis par des Noirs, nous rappelant quelques démons d’Afrique du Sud… Heureusement tout le monde est bien sympathique, et Zoé laisse un dessin à la serveuse en cadeau, c’est une courte nuit bien méritée qui nous attend ! Demain, on se lève pour la raison qui m’a poussé à faire ce détour de 800 km vers le sud : le village-fantôme ensablé de Kolmanskop !
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