Je ne me lasse pas de cette vue sur le Titicaca et de cette lumière dorée du matin. Nous sommes bercés par le clapotis des vagues. Les enfants dorment encore quand Gloria puis Solani prennent le chemin de l’école. J’ai eu froid pour m’endormir, même collée à Pierre, mais avec un bonnet et un tour de cou, le sommeil a fini par venir, puis la chaleur s’est installée dans le lit. Avec une extinction des feux à 21h, la nuit a pu être reposante ! Le petit déjeuner est alléchant : maté de plantes, à nouveau, avec des beignets-galettes à base d’une farine proche du quinoa, et confiture, puis Venancio nous amène des crêpes à la banane ! Un régal… Ce sont ses tantes qui sont en cuisine, mais elles ont du mal à se montrer, très gênées de ne parler que le quechua… Elles portent d’amples jupes comme la majorité des Péruviennes de la campagne, mais leur chapeau est typique de la presqu’île de Capachica : il est carré, avec des broderies colorées, et chaque coin rebique vers le haut, surmonté d’un gros pompon de laine. Ce matin, nous partons pour l’île d’Amantani, en face. On embarque dans une barque de poche, avec un moteur de poche (on mettra une heure pour gagner l’île), et nous voilà sur le légendaire Titicaca, le lac navigable le plus haut du monde avec ses 3800 mètres d’altitude ! Il mesure au maximum 200 km de long, pour une superficie de 8400 km2, se partage à 55% pour le Pérou et 45% pour la Bolivie, et atteint au plus profond 275 m, pour une température moyenne de 9 degrés ! Alimenté par 25 fleuves et rivières qui descendent directement de la cordillère des Andes et de leurs sommets à plus de 6000 mètres, il n'est pas menacé de s'assécher malgré l'évaporation qui le fait baisser de 1 à 2 mètres à chaque saison sèche: il se renouvelle à la saison des pluies! Le Titica, au centre de l’Altiplano, est en fait une immense lagune portée en altitude par l’émergence des Andes. Arrivés sur Amantani, c’est une sacrée grimpette d’une heure qui nous attend pour gagner les ruines du temple Pachatata au sommet : on en bave, on est à 4000 mètres d’altitude et la pente est sacrément sèche, mais la vue extraordinaire, à 360 degrés sur le lac. Le village de Muelle Major est très mignon, avec ses porches de chemins décorés de fleurs, la coiffe des femmes est ici un grand châle noir orné de broderies chatoyantes, qu’elles maintiennent dans le dos au moyen de leur éternel baluchon coloré dans lesquelles elles portent toutes leurs marchandises. Et la couleur de leur jupe détermine leur appartenance à l’une des neuf communautés de l’île, celles que nous croiserons auront souvent une jupe fushia au bord vert. Un autre temple répond au Pachatata (Terre-père), le Pachamama bien sûr ! (Terre-mère)
Nous rentrons pour le déjeuner, là encore on se régale : une soupe de légumes à base de différentes pommes de terre rapées, puis du poisson péché du lac le matin (et amené à Venancio par notre conducteur de barque !), arrosé de citron vert. De curieuses pommes de terre en forme de tubercules blancs et violets l’accompagnent, avec un goût un peu sucré, c’est étonnant. Maté encore, que je déguste au soleil pendant que les filles jouent à la poupée, puis au ballon, et enfin au cerf-volant : les rives du Titicaca sont parfaites pour ça ! Ce quart d'heure de cerf-volant est un véritable moment suspendu dans le temps... On laisse les enfants à la maison, et on part Pierre et moi à la conquête du sommet de la presqu’île : 400 mètres de dénivelé en une petite heure, une balade sportive d’autant qu’il n’y a pas de chemin, il faut traverser les herbes, les murets, les terrasses herbeuses, et se frayer un chemin dans les pierres. Et on est toujours entre 3800 et 4000 mètres d'altitude. Un faucon nous toise, des fois qu’on se perde, mais la vue est fantastique ! Retour à la maison avant le coucher du soleil, douche (chaude !! super système de chauffe-eau solaire), la lumière de la fin du jour sublime encore la vue, et moment détente sous les couvertures de la chambre qui me permet d’écrire ces quelques lignes… On se sent bien ici, et c’est quand on prend ses marques qu’il faut déjà repartir : demain nous allons passer la frontière et gagner la Bolivie ! En attendant, le repas du soir, tout seuls avec Venancio et Sonali, les autres invités étant tous partis pour d'autres horizons, aura été fabuleux, on leur a officiellement attribué la palme du meilleur hôtel et du meilleur restaurant de tout le Pérou! La fierté dans ses yeux restera longtemps marquée dans nos coeurs...
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