Après avoir profité d’un massage d’une heure en attendant le départ pour l’aéroport de Siargao ( à 5 euros l’heure, on ne s’est pas fait prier!), on a quitté à regrets Siargao. J’avais initialement prévu une 3e nuit sur place car deux nuits me semblait bien trop court pour jouir de l’île, mais un changement inopiné de programme de vols il y a quelques semaines nous a contraints à partir plus tôt. On a donc une nuit de transition à passer à Cebu, dans les faubourgs de l’aéroport, en attendant le vol prévu tôt le lendemain pour gagner notre troisième étape, l’île de Palawan.
A 30 euros la nuit pour nos deux chambres, l’hôtel n’est pas si mal, déco kitsch évidemment à ce prix là, ici aussi le hall d’accueil nous souhaite un « happy Valentine day »!!
Il est 21h30 quand on cherche désespérément un endroit où manger dans ce quartier pas du tout touristique… Au bout de notre rue, un petit boui-boui qui semble encore ouvert, on tente notre chance: ils font encore des frites et des petits bouts de poulet frit, alors on se pose, dans une musique assourdissante hurlée dans les micros par un groupe de sexagénaires philippins en débardeurs et tatouages, dont un à la coupe de cheveux hilarante : c’est soirée karaoké!
Les garçons hallucinent, Pierre et moi ça nous fait bien sourire, et Zoé me dit, les larmes aux yeux et dans une sincérité déconcertante : « j’ai envie de pleurer tellement la musique est belle », ce qui me fait éclater de rire vu l’incongruité de la situation!!!
Pour Pierre, c’est sûr , ce sont des potes qui ont toujours rêvé de devenir rockeurs mais qui n’ont jamais percé. Pour eux comme pour la plupart des chanteurs de karaoké, leurs rêves s’accomplissent ici, dans la moiteur d’une soirée philippine d’un quartier pauvre de la ville. On se prend au jeu, et alors qu’on nous sert nos pauvres frites et nos ridicules petits bouts de poulet, on applaudit chaque prestation. Ils sont fiers, très sympa et rigolos et nous proposent de choisir des chansons : va pour « Let it be » et « Lemon tree ». On me passe le micro, et c’est, il faut l’avouer, jouissif au possible!! Ils m’encouragent, chantent avec moi (leur anglais et leur justesse de voix sont bien meilleurs!), applaudissent, dans une bienveillance très touchante! Ils veulent leurs selfies avec nous (comme partout en Asie, les gens demandent souvent à nous prendre en photo avec eux, je crois que notre blondeur, même en 2024, reste très exotique à leurs yeux! La dame de l’hôtel nous a fait le coup, ils sont drôles à prendre des poses lascives au premier plan avec nous derrière, le sourire aux oreilles!).
En bref, on aurait pu rester avec eux jusqu’au bout de la nuit, mais on se lève à 5 heures demain matin, le lit nous appelle!
On se quitte heureux et comme si on avait été potes toute la vie. C’est ça aussi le voyage, des moments précieux et inoubliables avec des gens qui vivent à l’autre bout de la planète dans une culture bien éloignée de la nôtre.
L’Homme est profondément et naturellement bon et bienveillant. Oui, il faut retenir ça avant tout.
On a passé une petite soirée géniale qui donne la patate alors que le cadre s’annonçait un peu miteux. Merci les Philippins!!!!
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