Notre court séjour à Kauai (prononcer "Koaï"), la quatrième île de l’archipel par sa taille (1435 km2) et sa population (67000 habitants), a été marqué d’un début un peu folklorique.
Plus le voyage avance et moins j’ai le temps de préparer et d’anticiper les journées, c’est donc de plus en plus rock’nroll de réussir à optimiser nos découvertes!
Je n’ai pas trouvé d’échange de maison sur Kauai, et vu les prix exorbitants des logements, je me suis rabattue sur une solution un peu épique : un 4X4 avec tente de toit et tente au sol, et un coffre avec toutes les affaires de première nécessité pour du camping… sauvage !!!
Camper sur Kauai est très peu proposé, ce qui est surprenant quand on découvre le potentiel de pépites de sites sur cette diversité de paysages très sauvages. Nick, un jeune homme bien débrouillard, a mis ses véhicules en location sur Airbnb. J’ai donc sauté sur l’occasion il y a quelques mois.
Nous arrivons vers midi sur Kauai mais nos bagages ne nous ont pas suivis : première tuile de cet ordre en 7 semaines de voyages, on n’est pas mal tout de même!
Nick nous récupère vers 13h avec le véhicule, et quand on voit la place restante dans le coffre, on se dit que finalement les bagages restés sur l’ile d’Hawaii sont une aubaine temporaire !!
Le temps de le ramener chez lui, à une quinzaine de minutes de l’aéroport, et il est déjà temps d’y retourner pour voir si les bagages sont sur le vol suivant : bingo!
Nous voilà donc sur le parking, avec un tri rapide à opérer pour faire entrer dans nos petits sacs à dos les affaires nécessaires à chacun pour trois nuits en camping : un pyjama, un maillot de bain, un Lycra, une tenue de rechange, des sous-vêtements, une trousse de toilette pour tout le monde, de la crème solaire, une gourde, un pull, un vêtement de pluie au cas où, et des chaussures de marche, et on se dit que ça ira bien. De toutes façons on n’a pas le choix !
Notre vie de sauvages a commencé! On fait tout rentrer dans la voiture pour les quinze minutes qui nous ramènent chez Nick qui va stocker nos sacs dans son garage. On a vraiment l’allure de romanichels, on n’est pas du tout raccord avec l’esprit « bien propres sur eux » des Américains en voyage!!! Nick a un bon accent et il parle TRES vite, on ne comprend qu’un mot sur deux. Dur. On espère surtout qu’on n’est pas passés à côté d’informations essentielles sur le fonctionnement du 4X4 ou sur le montage de la tente de toit… on sera vite fixés!
Il nous faut maintenant faire quelques courses, et trouver un spot de pique-nique : résultat, il est 15h30 quand on s’installe enfin sur une table avec un point de vue sur la Wailua River, assaillis de poules !! Les coqs sont l’emblème de Kauai, il y en a partout, et ça nous réjouit de revivre un peu la Polynésie française ici !! Ils sont même dans les halls de l’aéroport!
On est un peu sonnés par cette arrivée compliquée, et je réalise maintenant que je n’ai pas préparé de programme pour nos deux jours et demi ici : il va falloir s’y pencher sérieusement pour ne pas faire de route inutile, en sachant que j’ai malgré tout réservé une activité phare pour Pierre et moi : un survol de l’île en hélico le lendemain après-midi, qui conditionnera aussi le parcours à prévoir.
Nick nous a laissé un guide très chouette composé de sa main avec tous ses spots secrets de camping sauvage gratuits. Pour les autres campements avec sanitaires, il fallait faire des réservations, je n’en ai pas du tout eu le temps… Je jette mon dévolu sur un endroit qui se trouve le long du célèbre canyon de Waimea, face au coucher du soleil, et qui permet de déterminer notre exploration de la matinée du lendemain.
Kauai est la plus ancienne des îles d’Hawaii, tout au nord du chapelet, elle serait née ici il y a 5 millions d’années! Son volcan à elle est endormi depuis très longtemps, et s’appelle désormais le mont Waialeale (1500 et quelques mètres).
C’est une île aux paysages très sauvages et aux reliefs découpés par des pluies diluviennes qui s’abattent régulièrement sur les sommets, sculptant ces merveilles de la nature qui font toute la renommée de l’île : le canyon de Waimea donc, et la célèbrissime Napali Coast, qui a entre autre servi de décor à Jurassic Park!
On passe par la plage de Po'ipu pour repérer des douches de plage qui pourraient nous être utiles le lendemain, faire un coucou aux deux lions de mer qui bronzent ici au milieu des touristes (protégés par un petit fil de délimitation de leur territoire), et acheter un café pour Pierre qui commence à piquer du nez, de la glace pour la glacière, et nous attaquons la route du canyon, qui est sublime en fin de journée.
Tout au bout, dans le KoKe’e National Park, grâce aux coordonnées GPS indiquées par Nick, on trouve notre cocon pour la nuit : un petit promontoire perdu qui domine l’océan, sous les pins. Le paradis avec le soleil qui se couche face à nous! Seuls au monde…
Il faut être efficaces pour installer notre campement car la nuit tombe, et les garçons se font un devoir d’aller nous chercher des énormes morceaux de troncs morts pour le feu de camp. Bonheur.
Nouilles chinoises lyophilisées (notre repas du soir pour les trois nuits à venir), on a les chamallows (ceux d’Halloween étaient déjà en rayon!!!) mais pas les piques, il faudra remédier à ce souci le lendemain! On passe une courte soirée autour du feu de camp, on recommence nos jeux du petit bac comme l’an dernier en Australie, et on se couche tôt : douze heures sans réseau vont nous permettre une bonne nuit de sommeil!
Quand le soleil se lève le lendemain, c’est un panorama grandiose de canyons adjacents aux tons rouges qui s’offre à nous !!! On réalise qu’on a laissé les garçons aller chercher seuls du bois dans cet environnement à la nuit tombée sans comprendre comment les alentours pouvaient être vertigineux ! C’est bien la grande aventure! Des petits oiseaux à la tête et à la crête rouges tentent des approches prudentes, curieux de nous voir ici au petit déjeuner.
Céréales et tartines englouties, thé avalé, un lavage de visage à la bouteille d’eau, et hop, c’est parti pour l’exploration de la région de ce canyon de Waimea : différents points de vue s’offrent à nous sur la route, mais en poussant un peu plus en hauteur et en profondeur vers notre campement dans le KoKe’e National Park, on a la surprise de découvrir des points de vue qui surplombent la Napali Coast au nord ouest, par l'arrière, c’est juste grandiose. Le plus beau panorama se mérite un peu, le Pu'u Kila Lookout: on y accède par une marche d’une trentaine de minutes sur une route qui a été fermée sans qu’on comprenne trop pourquoi, mais la récompense est au bout, c’est magique.
Plusieurs randonnées partent à différents endroits de cette route qui longe le canyon, mais notre rendez-vous pour le vol en hélicoptère nous contraint à ne pas nous engager dans une marche ambitieuse…
En redescendant par la côte, on s’arrête à des petites cascades charmantes au milieu d’une terre rouge, on est projetés en Australie ici! On revit nos émotions des Territoires Nord !
Bon, c’était donc une arrivée assez désorganisée, mais finalement pour le moment on s’en sort bien : je crois que le choix du site de campement au coeur des paysages du canyon était une très bonne stratégie comme point de départ.
On s’arrête déjeuner dans la petite ville de Waimea, qui propose des crevettes très bien cuisinées à un prix abordable : les crevettes sont des spécialités de l’archipel de Hawaii qui possède plusieurs élevages. Elles sont énormes, servies avec une sauce crème-ail ou beurre-coco, on se régale!
Après le vol en hélico (post dédié bien bien sûr, on a laissé les enfants nous attendre dans l’aéroport, à côté des prises de chargement pour leurs tablettes et téléphones!), on a longuement hésité sur notre campement du soir. L’objectif est de se rapprocher de la Napali Coast car je rêve d’y faire les premiers kilomètres du Kalalau Trail, la randonnée star de l’île, qui nous permettrait de montrer aux enfants un aperçu en bas des beautés vues d’en haut…
On rêve d’une douche, et on ne se serait pas contre l’accès à des WC, alors on s’installe sur la plage de Anahola. Il faut normalement un permis qui s’achète en ligne pour 3 dollars, mais je ne parviens pas à faire une réservation pour le soir-même: tant pis, on tente notre chance et advienne que pourra!
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