Spitzkoppe est aussi un lieu important de conservation de peintures rupestres préhistoriques. Deux sites sont ici préservés : Bushmen’s Paradise et Little Bushmen’s paradise. Un guide est positionné dès 8h devant chaque site pour accueillir les visiteurs, donner des explications, et protéger les dessins d’éventuels vandalismes qui ont déjà eu lieu auparavant.
On apprend plein de choses chouettes sur la vie des Bushmen, ces nomades du bush, ancêtres du peuple San déjà croisé en Afrique du Sud, qui ont réalisé ici ces peintures entre 4000 et 2000 avant JC! Ces dessins étaient des moyens de communication entre les groupes, pour indiquer les espèces animales présentes sur le site. Ils sont intacts, superbement conservés. L’encre utilisée est un astucieux mélange de sang d’animal séché qui donne leur teinte rouge, mêlé à des fientes animales ou de la coquille d’autruche concassée. Le rhinocéros est représenté plusieurs fois, car cet animal symbolise la source d’eau: en effet, on apprend que le rhinocéros, contrairement à de nombreux autres grands mammifères de la savane, doit boire deux fois par jour. Suivre le rhino est donc toujours une garantie de trouver de l’eau, un véritable sourcier depuis la nuit des temps! Les Bushmen représentent le rhinocéros pour indiquer aux autres groupes la présence de l’eau, le sens de la corne désignant la direction où chercher… Epatant! On retrouve aussi des dessins de girafes, d’éléphants, de lions, espèces qui étaient encore présentes autour de Spitzkoppe jusqu’au début des années 80, mais que les changements climatiques ont contraint à faire migrer plus au nord, vers le Damaraland et Etosha notamment… le guide nous explique que même si la pluie revenait, la construction des fermes et le cloisonnement des terres avec des clôtures immensément longues empêcherait les espèces de revenir un jour sur ce territoire…
On nous apprend une anecdote mignonne sur le comportement maternel des rhinocéros, en faisant le parallèle avec les Hommes: le rhinocéros noir « porte » le bébé dans son dos: celui-ci suit sa maman collé contre son postérieur, exactement comme le font les peuples Noirs, alors que le rhinocéros blanc pousse son petit devant, comme les peuples Blancs qui ont tendance à porter leurs enfants face à eux : joli non ?
Les Bushmen vivaient en groupes de 15 à 25, jamais plus, pour éviter les dissensions pouvant causer leurs pertes: dès qu’un groupe devenait trop grand, il se scindait en deux nouveaux groupes. Les hommes chassaient quand les femmes faisaient la cueillette et surveillaient les enfants, et le groupe suivait les animaux indispensables à leur survie.
On apprend aussi des notions qu’on avait eues sur les San en Afrique du Sud, et notamment leur « langage-clic », qu’ils partagent avec les Damara, un autre peuple de Namibie qui constitue une majorité aujourd’hui. Pourtant, Damara et San ne peuvent pas se comprendre, chacun ayant leurs « clics »! C’est tellement beau à écouter! Les Damara n’ont que 4 clics qu’ils intercalent entre les mots, avec un langage oral et écrit, quand les San ont 6 clics différents et un langage exclusivement oral, sans écriture (vérifier). Les clics ont tout de même une représentation signée en dessins. Le guide du 2e site (qu’on atteint par une belle grimpette sur un énorme massif rocheux au moyen de chaînes) nous pousse même la chansonnette en damara, l’équivalent de « Frère Jacques », juste génial ! Ca donne vraiment envie d’apprendre à « cliquer »!!!
On a donc passé une matinée entière dans Spitskoppe, dans cette nature splendide où se cachent des trésors insoupçonnés, nous racontant l’histoire du berceau de l’Humanité…
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