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Balade dans les caldeiras et extase dans les "hot ponds": les trésors volcaniques de l'Ile d'Hawaii







L’île d’Hawaii, c’est trois volcans à elle seule, dont un des plus actifs du monde, le Kilauea: on voit régulièrement les coulées sur ses pentes douces dans les reportages. Le Mauna Loa, tout proche, ne s’était pas réveillé depuis 1984 quand il est brutalement entré en éruption en décembre 2022! Les volcanologues considéraient qu’il pouvait sortir de sa torpeur à tout moment, et ils avaient raison.  Enfin le Mauna Kea (« montagne blanche »), lui, est endormi, mais non éteint, et porte à son sommet l’observatoire d’astronomie le plus important du monde, rien que ça!


Pour accéder au Kilauea et au Mauna Loa, il faut gagner le Hawaii Volcanoes National Park, à deux heures de route de notre chez-nous. Une fois arrivés au Visitor Center, tout est très bien expliqué, les points de vue, les rando, les sites remarquables. A chacun de choisir ce qu’il veut voir selon ses envies et le temps qu’il dispose.

Pour notre part, on commence par une petite balade d’une bonne heure sur un chemin bien tracé qui permet de découvrir les dépôts de souffre puis les émanations de vapeur depuis des poches de gaz au bord de la caldeira du Kilauea : les vues sont vraiment impressionnantes, on devine tout au fond le cratère actuellement actif appelé Halemaumau, mais la dernière éruption date de juin, aucune chance donc d’apercevoir les rougeurs de la lave ou des coulées vers l’océan : quel dommage !!! 

Une légende hawaïenne raconte que c’est la déesse du feu, Pelé, qui siège au centre des volcans et décide des moments éruptifs… Ça fait rêver Zoé…


On enchaine avec une deuxième petite randonnée, une heure encore aller-retour pour gagner le cratère du Kilauea Iki, un ancien cratère, plus petit que la caldeira, mais là encore, les vues sont très chouettes, et arriver sur la croute de lave séchée à sa base est impressionnante… Quelle force cette terre…


On pique-nique sur une des aires aménagées du parc (ils sont toujours très forts pour ça les Américains!) et on prend la direction des Pohoiki Hot Spots, à une heure et demi de route au sud-est des volcans.

Cet endroit s’est mérité, je peux vous le dire, et je vous raconte pourquoi, c’est ce qui fait que L’Ile d’Hawaii est vraiment un endroit unique au monde.


Mes fouilles minutieuses de préparation de voyage avaient repéré, dans mon Petit Futé de 2017 acheté sur le Bon Coin (ça a toute son importance), une grande piscine naturelle d’eau chaude, en bord de mer, chauffée par les éruptions précédentes, dont les entrailles continuaient de faire bouillir les rivières souterraines. J’avais repéré les distances, tout était calé, les enfants étaient super partants, et puis, la veille, dans la soirée, j’ai décidé d’aller voir les derniers avis sur Internet : et là, oh surprise !!! La piscine d’eau chaude mentionnée dans tant de blogs, n’existe plus!!! Elle a été totalement recouverte par la coulée de lave de 2018!!!


J’ai alors lu des tas d’informations passionnantes sur la transformation complète de cette partie de la côte sud-est suite à cette fameuse coulée : elle a anéanti des plages entières, coupé des routes bien sûr, et enseveli deux sites de piscines naturelles chaudes… Incroyable… J’ai donc poursuivi mes recherches et vu qu’elle avait miraculeusement épargné une plage du Parc historique de Isaac Hale, appelée baie de Pohoiki, où se dispersent des petits puits d’eau chaude entre les roches volcaniques, en bord d’océan. On constate même que la coulée de lave de 2018, tout en l’évitant de justesse (ça se joue à 100 mètres, on a vu la route totalement interrompue juste à côté), a permis de faire augmenter la température des bassins anciens, et d’en faire naître de nouveaux ! Avoir un guide annuel à jour est donc essentiel pour l’Ile d’Hawaii ! 

Chaque vérité de sites et de paysages peut être remise en cause d’un jour à l’autre par les caprices de la déesse Pelé…


Je ne savais pas trop quoi penser des photos trouvées sur Internet, pas forcément très réussies, mais les avis nous ont donné envie d’aller jusque bout et de nous enfiler l’heure et demie de route supplémentaire pour y parvenir : grand bien nous en a pris!!!


La dernière portion de route qui mène à cette baie magique est une petite bande d’asphalte qui court et ondule sous un flot de palmes de cocotiers et de lianes qui pendent presque jusqu’au sol, c’est onirique au possible. Et soudain, la désolation. Les coulées de lave ont « froidement » (si je puis dire!) recouvert le vert, les arbres sont sans-dessus-dessous, elles ont traversé la route qui a été dégagée depuis, les limites sont très nettes, une force implacable s’est abattue sur le paysage, comme une immense part de brownie géant. On voit ainsi défiler sur quelques kilomètres ces alternances de verdure qui ont échappé aux coulées, et les coulées elles-mêmes, sur lesquelles parfois le vert a repoussé : les Hawaiiens appellent ces petits miracles « kipuka ».


Nous arrivons sur une plage de galets de lave, avec une bande de cocotiers au loin. Tout est gris, ou noir, et l’océan éclabousse les bords tout près. C’est étrangement calme, il n’y a presque personne. On se dirige sur la gauche et on découvre un premier étang, à l’eau limpide, on trempe les orteils : 38°C, c’est assuré !! On continue d’explorer pour trouver notre spot parfait. Un deuxième tout petit bassin plus profond semble déjà très chouette, l’eau est à la même température, mais on a tellement envie de comprendre ce paysage de désolation noire et ses bassins secrets qu’on poursuit l’exploration. Voilà notre graal : un bassin encaissé dans la lave, totalement caché derrière de hautes roches volcaniques, environ 1,20 mètres à 1,50 mètres de profondeur en son centre, à l’eau cristalline, et très chaude! (probablement 44°C°). Un monsieur habitué s’y baigne et nous invite à le rejoindre. Il nous explique qu’il vient ici tous les jours, et qu’il y retrouve le bonheur des onsens japonais! Nous voilà alors partis sur notre grande histoire de l’an dernier, il est scotché lui aussi! 

On passe une heure géniale à profiter à ses côtés, il nous donne des informations intéressantes pour notre journée du lendemain, et nous raconte le lieu: c’est l’eau des rivières souterraines et de la mer qui se retire après la marée qui se réchauffe au contact des gaz encore très chauds sous la première croute. Les bassins changent d’aspect tous les jours, selon les lumières, les marées, et la température peut varier mais ce bain-ci est toujours brûlant. Comme c’est intrigant, un endroit tout à la fois plein de mystère et de poésie, qui suscite l’extase comme l’humilité : quelle merveille de la nature, qui peut disparaître à tout moment à la moindre nouvelle coulée éruptive! 

Il nous explique qu’il habitait ailleurs sur l’île, et qu’il s’est volontairement rapproché pour pouvoir jouir au quotidien de ce trésor volcanique…


Voilà que le chaud soleil laisse place à un joli grain de pluie, et l’expérience est encore meilleure!

Juste profiter de l’instant, on entre dans une béatitude divine! 


C’est vrai que cette poésie minérale rappelle tout à fait les sensations du Japon, mais ici on ne peut pas se mettre tout nus!


On se retrouve alors tout petits, vulnérables au creux de la puissance terrestre, dans cette nature brute dont on ressent tellement les palpitations ici, sur l’île d’Hawaii, si vibrante.


Les paysages autour de nous sont lunaires et dévastés de lave, on ferme les yeux, on est enveloppé de cette chaleur extrême, bercés par le sourd grondement des vagues quelques mètres plus loin. La roche est acérée, le moindre faux pas ne pardonne pas, notre compagnon de baignade nous explique qu’on l’appelle ici « Ah Ah » en référence aux onomatopées qui sortent automatiquement de la bouche lorsqu’on doit y marcher pieds nus. On s’en sort avec une ou deux petites coupures de maladresse, mais la chaleur atténue la douleur!


Zoé ne supporte pas la chaleur et préfère retourner sur le 2e bassin : il est largement l’heure de reprendre la route, deux heures et demi de voiture nous attendent, mais en cette fin d’après-midi magique, on ne résiste pas à la rejoindre pour encore de longues minutes de béatitude!


On se résout à quitter cet endroit merveilleux qui a conquis toute la famille. La route qui ponctue cette journée sur le thème des merveilles volcaniques n’en est pas moins magnifique. Elle serpente au pied du Mauna Loa, mais le ciel s’est couvert et c’est un paysage totalement différent de la veille que nous traversons. On passe dans une mer de nuages dans laquelle la nuit est tombée, c’est inquiétant, puis nous repassons sous la couche nuageuse et le coucher de soleil est somptueux.


On est épuisés en passant la porte de la maison, mais vraiment heureux!


On a une nouvelle fois pris conscience que nous étions tout petits, vulnérables au creux de la puissance terrestre, dans cette nature brute dont on ressent si bien les palpitations ici, sur l’île d’Hawaii. Tellement vibrante!







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