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Assouan, aux portes de la Basse-Nubie






Après la visite de Abu Simbel, nous sommes revenues prendre un petit déjeuner à l’hôtel, puis nous revoilà dans la voiture du retour, à travers le désert, comme toujours sur ces routes toutes droites et infinies de l’Egypte.

Cette fois, pas d’arrêt incongru au poste de Police, mais on croise un troupeau de dromadaires qui font leur vie, tranquilles, au bord du goudron, dans la chaleur du matin.


Il est tout juste midi quand on arrive sur Assouan, cette ville tranquille aux portes de la Basse Nubie, qui a fait son lit au niveau de la première cataracte: c’est ainsi qu’on nomme les rapides dus à des encombrements rocheux dans le lit du Nil. Au nombre de six jusqu’à l’intérieur du Soudan, elles rendent difficiles à ce niveau la navigation sur le fleuve, qui devient impossible pour les gros bateaux.


Nous avions déjà fait connaissance de Assouan il y a deux jours, lorsque nous nous y étions amarrés près du grand pont pour notre dernière soirée sur le bateau. Walid avait débarqué ici pour retrouver sa famille et nous l’avions accompagné dans l’espoir de pouvoir trouver un taxi prêt à nous emmener visiter avec lui le temple de Philae : encore une petite aventure que cette histoire! Il est 15h15 quand nous débarquons, à travers les rives humides et verdoyantes. La vente des tickets s’arrêtant à 16 heures, et Philae se trouvant au sud d’Assouan, c’est un véritable challenge qui s’annonce pour rejoindre le site. Nous sommes sous le grand pont d’Asssouan, à un endroit où les taxis ne passent pas! Moamen est devant, en courant, pour tenter de héler une voiture! On trouve un monsieur qui accepte de nous faire monter pour nous emmener jusqu’à la ville: c’est un professeur en agriculture de l’université, il parle anglais et nous accueille bien gentiment à bord de son véhicule ; mais les minutes passent, je comprends qu’on est encore à une dizaine de kilomètres de la ville et que nous ne serons jamais arrivés à temps pour l’achat des billets…

Walid nous propose alors un petit tour dans la ville. On s’est baladés dans le joli parc qui domine le Nil, en face de la cathédrale copte et à côté du Old Cataract, le fameux hôtel d’Agatha Christie !!! Des fantasmes de thé ou de petit déjeuner dans ce lieu mythique naissent dans mon esprit… Puis on a dit adieu à Walid, ça nous fait tout drôle de ne plus avoir son appui francophone, sa douceur et sa bienveillance envers nous! 

Avant de trouver un taxi pour regagner le bateau, on s’est engouffrées dans le souk d’Assouan, à la nuit tombée…

Evidemment, je me suis rapidement fait piégée par un rabatteur dans un joli magasin d’épices et d’herbes médicinales dont la ville a le secret: et voilà qu’on nous offre le karkadé (la boisson fraîche à partir d’hibiscus), le pain pour goûter les épices, les touches d’huiles essentielles sur les poignets, les crèmes de Cléopâtre pour le corps… Ils ont cette classe les Egyptiens, qui fait qu’ils gagnent à tous les coups : je ressors avec des clous de girofle pour me rappeler le thé de Siwa, et de l’huile essentielle de lotus…

La suite du souk est colorée, animée, il faut savoir résister à toutes les demandes insistantes, mais on réussit à traverser et à trouver à la gare un taxi pour regagner le bateau!


On connait donc déjà un peu les abords du Nil au coeur de la ville quand notre chauffeur de Abu Simbel nous dépose à l’embarcadère : on va loger deux nuits sur l’île Eléphantine, juste en face, et un petit bateau à moteur fait en continu les allers et retours pour transporter la population. A dix livres égyptiennes le trajet, soit 20 centimes, avec la gratuité pour Zoé, on ne va pas se priver de l’utiliser !

Les hommes s’assoient d’un côté, les femmes de l’autre (évidemment on a fait la gaffe initiale d’aller nous asseoir au milieu de ces messieurs la première fois!, mais on nous a bien fait comprendre qu’on devait bouger de l’autre côté…), et en trois minutes, on accoste sur l’île Eléphantine où nous attend Sayd, notre hôte, avec son gentil sourire et sa belle djellaba bleu ciel.


Eléphantine, c’est quelque chose : cette île nubienne millénaire, qui était autrefois un haut lieu du commerce de l’ivoire (d’où son nom) est aujourd’hui un endroit hors du temps où l’on ne perçoit plus les rumeurs de la ville. On est dans un gros village, un véritable labyrinthe de sable, de murs en pisé, de maisons décaties, de chats errants, de déchets aussi comme partout en Egypte…, d’ânes qui braient (les revoilà!), de sacs de ciment, où les touristes sont très peu nombreux, où les chèvres nous précèdent, où les enfants trainent…, où les appels à la prière rythment comme partout la journée qui coule le long du Nil…

Pour être authentique, c’est authentique!!

1,5 kilomètres de long pour moins de 500 mètres de large, on imagine mal comment s’y perdre, et pourtant!!!

La petite maison de Sayd, située sur la rive opposée, est organisée autour d’une cour intérieure sur laquelle donne notre chambre, dans son jus, mais très propre! La salle d’eau où toilettes et douche cohabitent dans les mêmes centimètres carrés, est partagée, mais nous sommes seules : le luxe!


Après le karkadé d’accueil, et la vue depuis la terrasse, nous partons en quête d’un resto pour le déjeuner : merci Google Map pour nous repérer dans cet imbroglio de ruelles et impasses biscornues! Les adresses que j’avais repérées ne semblent plus ouvertes, c’est étonnant comme ces villages semblent tout à la fois vivants derrière les murs et à l’abandon de l’extérieur! On finit finalement au « King Jamaica », une adresse un peu rasta très étonnante dans ce cadre, où le patron, bien Nubien, est adorable, où le service est efficace et la vue sur le Nil et la ville assez sympa.

Puis nous avons repris le bac pour passer la fin d’après-midi au temple de Philae (article dédié!).

Le soir, nous sommes rentrés alors qu’il faisait quasiment nuit : repos dans la chambre, douche bien chaude ! Et Sayd nous a préparé un petit repas tout simple, Zoé ne se nourrit que de chorba (la soupe!) quand je continue de me régaler du pain trempé dans leur « tahini », cette crème de sésame servie à chaque repas …

Les ânes braient juste derrière le mur, nous surprennent et nous font bien rire!

Et nous voilà à plonger dans un sommeil égyptien pour nos dernières nuit dans les Mille et Une nuits…





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