On se lève à 6h15 avec une belle surprise : Jacky qui a entendu mon amour pour les caméléons arrive avec un individu sur un bâton ! Celui-là est encore différent, il a de jolies couleurs bordeaux, mais Serge le capitaine s’enfuit en courant : il a horriblement peur des caméléons, qui dans la religion animiste amènent de mauvais sorts. Ses compères sont morts de rire quand ils le voient aussi effrayé et il se fait bien charrier !
Le petit déjeuner est dressé à même la natte : papaye, ananas, bananes fraiches et bananes séchées, oranges, thé, et beignets au miel ! On prend le temps de se régaler dans le matin qui se réveille. Puis on embarque à nouveau. A bord, Jacky nous montre le parcours sur une carte de la côte Nosy Be-Majunga, nous explique la configuration des lieux, les zones de passage, et il nous fait rêver en nous parlant de plages plus au sud avec des baobabs bouteilles, mais en seulement 6 jours nous n’aurons pas le temps de descendre si bas. En voilà une nouvelle excuse pour revenir un jour !
Jacky use de toute son ingéniosité de bon malgache pour nous réparer les tongs des garçons qui ont souffert de la balade la veille sur la roche friable et glissante. Un peu de chambre à air découpée dans une pièce qui sert à l’étanchéité de la base du mât, puis on découpe une pièce en arrondi, on y perce un trou et on y glisse la lanière de tong qui avait transpercé la semelle, les voilà parées pour une deuxième vie ! Un des grands principes ici est de ne surtout rien jeter car tout peut se réparer, c’est vrai qu’on voit très peu de déchets depuis le début du voyage.
On fait un arrêt pêche au harpon pour l’équipage, pause baignade pour nous depuis une plage sublime, à l’eau turquoise et au sable très clair !
Quand on remonte à bord, l’équipage nous a préparé des crabes de mangrove avec une mayonnaise au poivre délicieuse ! C’est très fin comme goût, même moi la difficile, j’apprécie grandement !
On arrive à l’étape du montage de voile, une sacrée manœuvre sur cet engin aux allures millénaires : Jojo déploie ses muscles pour le plus grand bonheur de son fan-club, on bave encore, c’est une immense voile de coton, déjà bien marquée par le temps.
Puis on se laisse envahir par la torpeur sous la chaleur, chacun se cherche un coin à l’ombre et tombe dans un demi-sommeil, bercé par la douce houle. On entend l’équipage, toujours en blagues, moqueries et rigolades les uns avec les autres, le temps de la préparation du repas. Encore un excellent déjeuner à bord à base de riz et de crabe à la sauce tomates-ail, Simon est vraiment un excellent cuisinier !
Nous débarquons dans l’après-midi au village d’Ambotofatsy, sur un très joli site entre les cocotiers. La balade dans la campagne alentours est superbe, on déambule toujours sur ce relief rose et friable, on est entourés d’arbres du voyageur, de bananiers, de rizières au loin, on monte sur un magnifique point de vue qui domine tout l’arrière-pays, on contemple un large lit de rivière asséchée en cette période des grandes marées.
Au retour on achète à une cuisinière du village des gâteaux maison, tout juste sortis de la cuisson au feu de bois, des cuy-cuys (prononcer « coui-couisses »), dont la saveur se situe entre le sablé et le pain d’épices, un délice pour tous ! On revient tout juste sur la plage pour le coucher de soleil, le décor s’enflamme sur quelques précieuses minutes avant qu’il ne disparaisse définitivement derrière la mer, je rentre en totale extase !
On file ensuite pour notre moment d’hygiène du soir au lavoir du village, beaucoup plus central que la veille et permettant que nous devenions, le temps d’une douche à la tasse, l’attraction de la fin de journée ! Plusieurs enfants assistent amusés à nos ablutions rafraîchissantes ! Les puits et lavoirs ont été installés depuis plusieurs années, souvent grâce à des associations dont Alefa, l’agence qui nous emmène sur cette semaine de folie, fait partie. Les lampes à pétrole sont ressorties sur la grande natte, l’apéro-rhum est pris tranquillement, toujours ces préparations de Jacky à base de sucre, citron vert, goyave ou orange, avec ou sans rhum, puis on déguste le riz et le « poisson à plumes » !! (on a failli assister à l’exécution de la pauvre poule, on a fermé les yeux et les oreilles ! Il faut dire qu’à bord, ça commence par endroit à sentir sérieusement la cocotte enfermée !!)
Les enfants du village s’approchent de la natte et Zoé les invite volontiers à jouer aux Barbies, elle dirige l’histoire, les pauvres petits malgaches ne comprenant pas un mot de ces discours de jeux sans fin sont hallucinés de son débit de parole !
On assiste à un joli spectacle d’acrobaties de lémuriens nocturnes dans les palmiers au-dessus de nos têtes, puis on finit par une séance pansements pour les petits bobos de pieds : coupures à nettoyer et réparer, brûlure à l’huile datant de 3 jours de Simon qui n’a pas une belle tête : depuis mes expériences de soins de brûlures au Sénégal de la population locale, je prends un tube de Flammazine dans ma pharmacie déjà hyper bien fournie! Un lavage de dents en commun (on crache dans les vagues, notre lavabo géant !) et nous voilà sous la tente à 20h30, on commence à prendre le rythme de cette croisière malgache, et à oublier le reste du monde...
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