C’est notre dernier jour auprès de Assane aujourd’hui… On va être un peu triste de le quitter, lui, le géant bonhomme au large sourire éclatant, avec ses « eh ! c’est la famille ! c’est comme ça au Sénégal ! ». Il nous emmène dans sa ville à Mbour, sur la Petite Côte. On a quitté très tôt Tambacounda, et la route passe étonnamment très vite, il faut dire qu’on dort pas mal dans ce minibus qui nous berce! Les quartiers que nous traversons à MBour sont poussiéreux, les immeubles en piteux états, la chaleur intense; on retrouve un guide ami d’Assane, qui nous emmène dans les entrelacs du marché, c’est super chouette. On commence par le quartier des marchands de gris-gris et des soigneurs traditionnels, j’attendais ça depuis le début du voyage: graines en tous genres, peaux d’animaux sauvages (singe, gazelle, coco!), cornes, coquillages, herbes sèches, fruits, sont autant de remèdes magiques contre le mauvais sort, d’authentiques tisanes bienfaitrices ou de substances aphrodisiaques « pour faire venir à toi la gazelle!! ». La-dite gazelle, qui peut, si elle le souhaite, trouver de son coté tout ce qu’il faut pour avoir « de grosses fesses et de gros seins »! Il semble que le Sénégalais aime les rondeurs! On poursuit la visite par la plage des pêcheurs, très réputée à Mbour qui constitue le 2e port de pêche du Sénégal après Dakar; il y a même une usine de congélation des poissons, jumelée avec Concarneau, construite avec l’aide de bénévoles bretons! Ils sont partout je vous dis! (spéciale dédicace à ma Soizic préférée, qui a d’ailleurs peut-être quelque part dans ses gènes du sang sénégalais ??). La plage est envahie de barques, de femmes écaillant le poisson, d’entrailles séchant à même le sable recouvert d’écailles; les belles pièces sont directement mises en glace et expédiées dans tout le pays, les petites pièces ou le moins noble est fumé sur place.. il y avait l’odeur du grand marché à viandes de Bishkek au Khirghistan, et bien il y a l’odeur de la plage aux poissons de Mbour! La pêche se fait ici de façon traditionnelle sans aucun instrument de direction, à même d’immenses barques de bois en teck, et les femmes guettent, inquiètes, le retour des maris qui ne sont pas toujours au rendez-vous… les équipages partent parfois à la semaine entière, se laissant guider par les étoiles. On retraverse les échoppes de tissu (quelle profusion! Quelles couleurs!) et il est temps de retrouver Assane qui nous invite chez lui pour partager le tiéboudiène préparé par Fatou, sa femme. C’est le plat national sénégalais à base de poissons, riz épicé et légumes cuits, qu’on mange de la main droite dans le même plat, à même le sol. Séance de lavage des mains dans la bassine pour tout le monde, et cours de « cuillère manuelle » par Assane: il faut prendre le poisson, le riz, les légumes au creux de la main, bien presser pour créer une boulette contre les phalanges, et manger! On n’est pas hyper doué en boulettes compactes, on en met un peu partout… mais on passe un sacré bon moment, entourés de MBaye et Assou ses deux enfants. Sa maison est toute petite, il s’agit d’une cour intérieure avec deux chambres sans porte, et tout le quartier défile ici pour lui réclamer son dû, il nourrit à lui seul de nombreuses personnes: au Sénégal celui qui travaille (il y un taux de chômage majeur ici) doit distribuer ses gains à tous ceux dans le besoin autour de lui, c’est une pression énorme. Il est temps de reprendre la route une dernière fois avec Assane (on ne le sait pas encore mais c’est finalement lui qui nous emmènera à l’aéroport le jour du départ, on pourra lui faire de nouveaux adieux!) pour rejoindre la trépidante et polluée Dakar : l’île de Gorée en face de la capitale nous appelle pour nos deux derniers jours! " Dieredief Assane !" "Nioko bok!" ("merci "en Wolof! "de rien!")