Vers le Sénégal oriental
On quitte tôt ce matin l’île de Kathior et son reposant Bonobo Lodge car une longue route nous attend pour nous emmener vers l’Est du Sénégal: petit déjeuner insolite à la frontale car le jour n’est pas encore levé, puis on embarque sur la pirogue vers 7h dans le rougeoiement du soleil naissant, c'est silencieux et superbe, une véritable contemplation... et après quarante cinq minutes de navigation (la marée ne permet pas un trajet direct) dans les bolongs au milieu des oiseaux qui s’éveillent, nous gagnons le ponton de Missirah: les premiers pêcheurs s’affairent, on aperçoit le fromager sacré au loin. Déjà pas mal de monde déambule dans ce village à peine éveillé, où le dénuement est criant. Nous nous approchons à pieds de l’arbre gigantesque, le plus gros fromager du Sénégal dit-on avec ses 30 mètres de circonférence. Il est majestueux, c’est de la pure magie de s’approcher du drapé royal de ses racines! La route commence: après une piste un peu chaotique jusque Toubacouta, c’est une belle ligne droite goudronnée qui nous emmène à l’est. On traverse le Sénégal, les villages s’égrènent les uns derrière les autres avec leurs lots d’images toutes plus clichées les unes que les autres: les femmes en tenues chatoyantes portent avec grâce et nonchalance les sauts, paniers, jarres, avec ce port de tête tellement altier. Les hommes sont assis en réunion sous les flamboyants, les enfants accompagnent « les mamans », lavent le linge, essaient de grimper sur des vélos trois fois plus hauts qu’eux! L'oeil et l’objectif de l’appareil ne peuvent s’empêcher ces indiscrétions furtives derrière les vitres du minibus, s’immisçant dans les villages, organisés autour d’une cour de sable entourée d’une palissade en branches de bois ou en murs d’argile; les cases sont tantôt cubiques, tantôt rondes, construites pour la plupart en dur à l’argile, couvertes d’un toit de chaume ou de feuilles de palme. Des chèvres et des moutons y déambulent , on y aperçoit parfois un puit, une femme qui balaie le sol, des enfants qui nous épient derrière les portes, quelle frustration de ne pas parvenir à prendre des photos nettes de ces scènes absolument typiques et captivantes de l’Afrique de l’Ouest! On fait une pause repas à Tambacounda, et après quelques kilomètres, nous voilà arrivés à un énième poste de contrôle de la police: on n’est pas très inquiets, on se fait contrôler en moyenne quatre fois par jour, mais là, c’est la mauvaise! Le policier nous a en grippe, il détecte une "anomalie" de concordance dans les papiers, les confisque et nous oblige à retourner à Tambacounda!! On est dégouté, on doit rouler plus que prévu, et patienter dans la cour de la gendarmerie jusqu’à ce quelqu’un accepte de s’occuper de Assane. On nous fait comprendre que les Toubabs n’ont pas à se mêler de ce genre d’histoires sous peine de les aggraver!! Il obtient finalement l’autorisation de nous emmener jusqu’au campement qui nous attend mais devra revenir régler l’histoire des papiers, qui n’en est pas une puisqu’il n’y a aucun problème… situation absurde… Nous arrivons en fin d’après-midi au campement Wassadou, à l’entrée du parc national du Niokolo Koba, réserve animalière la plus grande du Sénégal: la lumière est maintenant dorée et contraste avec la blancheur laiteuse et écrasante de celle de midi, la végétation verdit et se densifie, les palmiers abondent! Mais le clou du spectacle est cette vue époustouflante qui surplombe le fleuve Gambie, au milieu de petits singes kaki et des babouins énormes et hurleurs qui évoluent dans les grands arbres sur l’autre rive. La nature est emplie de cris d’oiseaux, des aboiements des babouins, on aperçoit même la tête de deux hippopotames qui remontent respirer à la surface de l’eau; contemplation inoubliable du jour qui se couche dans ce décor d’Indiana Jones! Des instants précieux et fantastiques que nous n’oublierons pas !