Après notre moment de pure « délectation bulleuse », nous quittons Queenstown vers 17h30 pour quatre heures de route : nous voulons dormir ce soir au pied du Mount Cook, le plus haut sommet de Nouvelle-Zélande, car la « Hooker Valley Track », randonnée réputée (et facile !) de trois heures nous attend pour le lendemain matin. Heureusement que le jour se couche très tard ici, nous permettant de grapiller des instants de voyages précieux sur la route. Et quelle route !!! Nous n’étions pas prévenus, on en a pris plein la figure, dans une lumière magique de fin de journée ensoleillée… Instantanés de route. Route magique, route fantastique, on ne sait plus trouver les mots. Je crois qu’on a passé quatre heures la bouche ouverte, peut-être même qu’un peu de salive est tombée sur nos genoux ! Décor féerique, parfois ésotérique, elfique, on comprend l’attrait de ce pays pour les cinéastes. Des arcs-en-ciel d’abord, à chaque virage, qui apparaissent et disparaissent en quelques minutes, le temps de les attraper dans la boîte à photos : on connaissait les chasseurs de tornades, on s’est transformé en traqueurs de couleurs ! Puis une rivière tumultueuse d’un turquoise profond que nous suivrons sur plusieurs kilomètres, tantôt tout près, elle court devant nous, passe sous les ponts, s’en va et revient brusquement nous surprendre de son bleu étonnant bordé du vert végétal qui le rend éclatant… Des paquets de nuages se regroupent au sommet des collines, puis les cieux s’illuminent à travers les nuages pour un moment divin ! Panorama de collines sous les nuages, le gris profond du ciel menaçant converse avec la lumière encore solaire de 19h, des landes de moutons répondent aux amas de nuages. La route se poursuit, plus étonnante à chaque kilomètre, collines verdoyantes, aux reliefs doux, on les croirait recouverts de moquette, la lumière du ciel sublime tout, les guerriers de la Terre du Milieu vont forcément surgir quelque part… On roule encore alors que la lumière commence lentement à baisser, allumant dans un brasier orangé les massifs montagneux face à nous… On arrive au lac Pukaki, dont le bleu turquoise se devine encore dans l’obscurité naissante, route finale dans une impression de bout du monde, les montagnes enneigées se dressent devant nous, ceinturées de brume et de nuages, il ne fait plus que 9 degrés ! La lumière baisse encore mais lorsque nous arrivons au campement sauvage (White Horse Campsite), accueillis par un couple de canards et leurs cannetons, le sommet du Mount Cook qui se dresse juste devant nous semble encore illuminé (par la lune ? les derniers rayons du soleil ?), comme dans le logo de la Paramount… On termine cette soirée des étoiles plein les yeux : cette « fantastic road » à laquelle on ne s’attendait pas, où chaque minute fut une surprise pour les sens, va longtemps rester gravée dans notre mémoire…